Améliorer le traitement des maladies tropicales négligées

Améliorer le traitement des maladies tropicales négligées

Brazzaville – Le traitement préventif des maladies tropicales négligées a sauvé de nombreuses vies en Afrique. Cependant, des obstacles persistent dans la lutte contre ces maladies, qui touchent souvent des communautés démunies vivant dans des zones rurales, marquées par les conflits, ou difficiles d’accès. De plus, ces maladies sont quasiment absentes du Programme mondial d’action sanitaire. Le Dr Paul Emerson, Directeur de l’Initiative internationale contre le trachome, évoque les voies et moyens d’améliorer le traitement et d’appliquer les enseignements tirés pour mener une lutte efficace contre ces maladies.

Quels sont les principaux obstacles au traitement des maladies tropicales négligées ?

Dans la lutte contre les maladies tropicales négligées, le contexte est un facteur déterminant, ce qui signifie que chaque pays est confronté à des défis qui lui sont spécifiques. Dans le cadre des activités de lutte contre de nombreuses maladies tropicales négligées à chimio-prévention telles que la filariose lymphatique, les géohelminthiases et le trachome, des progrès considérables ont été réalisés pendant la dernière décennie dans la baisse de l’incidence des maladies tropicales négligées. Pour ces maladies, le défi est d’axer essentiellement les activités de mise en œuvre, les ressources humaines et les dons de médicaments sur les personnes encore exposées au risque de morbidité liée à ces maladies et de reclasser les zones d’endémie en zones de surveillance. Les populations marginalisées, négligées ou affectées par la guerre doivent être systématiquement ciblées afin de s’assurer que personne n’est laissé pour compte. Pour d’autres maladies tropicales négligées, moins courantes mais tout aussi préoccupantes comme la lèpre et le pian, il est nécessaire de mettre en place et de suivre une prophylaxie ou un traitement à l’échelle des villages dans les zones touchées et de surveiller attentivement la réduction de l’incidence de la maladie. Toujours concernant la lutte contre ces maladies, il existe des obstacles liés à la disponibilité des fonds de mise en œuvre et des dons de ressources, qui peuvent être surmontés grâce aux progrès qui ont été démontrés dans les pays ciblés.

Quelles stratégies les gouvernements peuvent-ils adopter pour un traitement efficace des maladies tropicales négligées ?

Les programmes de lutte contre les maladies tropicales négligées menés par les gouvernements se sont caractérisés par une résilience remarquable ces deux dernières années, alors que le monde reste affecté par la pandémie de COVID-19. L’engagement du personnel des ministères de la santé à la mise en œuvre des programmes et la volonté des communautés touchées de les adopter soulignent l’efficacité des stratégies actuelles. Cela dit, il existe toujours des possibilités d’amélioration. Une meilleure efficacité peut être obtenue en ciblant les dons de médicaments pour ceux qui en ont besoin, en co-administrant des médicaments contre les maladies tropicales négligées dans certaines circonstances, et en explorant d’autres pistes, par exemple en proposant des comprimés de déparasitage aux femmes exposées à l’ankylostome et au trichocéphale lors de leurs visites prénatales. D’autres programmes de lutte et d’élimination de maladies peuvent tirer des leçons et s’inspirer de l’engagement et de l’appropriation des programmes de lutte contre les maladies tropicales négligées par les communautés.

Quels enseignements peuvent être mis en œuvre pour un contrôle plus efficace et durable des maladies tropicales négligées ?

Lorsque les programmes sont parvenus à leur échéance et que les maladies disparaissent, les districts qui n’ont pas été concernés sont ceux qui ne réagissent pas de manière positive comme dans ceux où la maladie a disparu. Les responsables des programmes nationaux et leurs partenaires doivent comprendre que les stratégies nécessaires à la fin de leurs programmes peuvent être différentes de celles requises au début ou pendant les phases de mise en œuvre. Ils doivent tous faire preuve d’humilité et être attentifs aux faits relatés lors de la collecte de données et du suivi des progrès accomplis. Les données ne mentent pas. Lorsqu’une maladie réapparaît ou que le rythme de son recul ralentit, cela signifie qu’il existe des facteurs naturels à appréhender. Il convient donc de faire une analyse approfondie du contexte spécifique de cette région pour découvrir ce qui s’y passe réellement.

Au-delà du traitement, quelles sont les mesures clés pour accélérer l’éradication de ces maladies ?

La chimio-prévention, assurée grâce à des donations de médicaments, a bénéficié à plus d’un milliard de personnes au cours de la dernière décennie et constitue réellement la pierre angulaire de plusieurs programmes de lutte contre les maladies tropicales négligées et d’élimination de ces maladies. Cependant, les donations de médicaments ne sauraient constituer la seule voie à suivre pour éradiquer les maladies tropicales négligées. Il faut aussi que les populations acceptent de prendre les médicaments et de contribuer aux autres aspects des programmes. Les membres de la communauté prennent des décisions éclairées sur la santé et le bien-être de leurs familles presque chaque jour. Instaurer la confiance afin que les avantages d’une participation active aux programmes de distribution de médicaments, de promotion de l’hygiène, de réduction des vecteurs et des sources est un moyen essentiel et peu onéreux d’accroître l’impact. Les ministères et départements chargés de fournir un accès à l’eau et à l’assainissement devraient être des partenaires dans l’éradication des maladies tropicales négligées. La transmission résiduelle des maladies tropicales négligées a généralement lieu dans les communautés et les districts les moins développés, ce qui signifie que la présence de ces maladies peut être un marqueur de pauvreté et aider les organismes spécialisés dans l’alimentation en eau et l’assainissement à orienter leurs efforts vers ces zones.

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